La nourriture
De quoi sont faites mes pensées, à longueur de journée ? De quoi je rêve, la nuit ? Quel est le principal sujet de conversation des marcheurs lorsque, le soir fatigués, ils se retrouvent dans une hut ou sous leurs toiles de tente ?
De nourriture, bien entendu ! La bouffe est, pour moi, la chose la plus dure à gérer sur le trail et je pense qu’elle mérite qu’on s’y attarde un peu.
Il faut se rendre compte que les jours où il fait froid, lorsque je marche plus de dix heures par jour avec 16kg sur le dos, je peux ingurgiter jusqu’à 3'000 kcal par jour. La sensation de faim m’a rarement quittée, ces derniers mois. Au début, c’était tellement intense que ça me réveillait en pleine nuit. Aujourd’hui, confinée, je me gave de fruits et de légumes mais sur le trail, c’est une autre histoire. Car, comme vous le savez sûrement, la bouffe et l’eau c’est ce qui pèse le plus, dans un sac à dos.
Dans l’île du sud, j’avais habituellement sept ou huit jours de nourriture sur moi, sauf pour le Richmond Ranges, où il a fallu que je sois en autonomie pendant dix jours. Dans l’île du nord, c’est un peu différent, car, il est plus facile de s’approvisionner. Mais par habitude, j’ai toujours trois ou quatre jours de bouffe dans le sac bien que cela dépende, bien entendu, des étapes par lesquelles je passe.
Grâce à mon ami Mike, j’ai découvert la marque Radix, qui produit de la nourriture lyophilisée de très bonne qualité. C’est étudié pour les expéditions et les sportifs, donc leurs produits sont non seulement ultralégers mais aussi hyper nutritifs et sains. Le tout est fabriqué ici, en NZ, avec des produits locaux. La nourriture déshydratée est emballée dans des sachets jetables. Il suffit de bouillir un peu d’eau, d’ouvrir le sachet et d’y verser le liquide. Après cinq minutes d’attente (le temps que la nourriure absorbe l’eau) le repas est prêt. La consistence est toujours la même et je m’en lasse un peu, sur le long terme, mais les goûts diffèrent. Ils ont deux choix différents de petits déjeuners et une gamme variée pour le déjeuner et le dîner. Ils ont même des options véganes. J’ai commandé plusieurs paquets chez eux, que je récupérais ensuite dans des points relais. Radix m’a sauvé la vie en termes de poids, car oui, c’est génial, de pouvoir manger des fruits et des légumes frais, des wraps, du chocolat etc... mais ça pèse lourd.
Les barres de céréales OSM, me sauvent également la mise durant la journée. Elles sont très nutritives et calent bien l’estomac. J’en ingurgite entre 3 et 6 par jour, selon les heures de marche et la météo. Eh oui, le froid, ça creuse !
L'eau
Le poids de mon sac est d’environ 6/7kg sans la nourriture et sans eau. 1l d’eau = 1kg, grosso mierdo. Par sécurité (surtout psychologique), je fais en sorte de toujours avoir 1.5l d’eau sur moi. J’ai crevé de soif deux fois, et ne souhaite pas réitérer l’expérience. La faim n’est de loin pas une sensation agréable, mais la soif, c’est dix fois pire. Avoir soif, et commencer à se déshydrater, c’est beaucoup plus stressant que de traverser une rivière après la pluie. L’eau, c’est la vie. C’est LA chose la plus importante au monde. Au début, j’utilisais une gourde filtrante Lifestraw. C’était bien, parce qu’il me suffisait de la remplit d’eau, et je buvais comme au travers d’une gourde normale. Le problème, c’est que je devais à chaque fois poser le sac par terre pour y accéder et qu’ensuite, il fallait que je mette toute mon énergie de chagasse pour sucer l’embout parce que l’eau ne passait pas facilement. J’ai fini par la troquer contre une pochette de 2l. de type Kamel Bac, ça m’a changé la vie ! J’ai également investi dans un filtre Sawyer, petit et léger. Le hic, c’est que ça prend environ 25 min pour filtrer 2l d’eau. Par flemme et manque de temps, (surtout par flemme, je vous l’accorde) j’ai arrêté de filtrer l’eau des tanks (système de récupération d’eau de pluie), des rivières ou des ruisseaux et jusqu’à présent, (je touche du bois) je n’ai jamais été malade. En cas d’urgence, si la couleur de l’eau tire un peu trop sur les jaunes/verts à mon goût, j’utilise une pastille de chlore. Les jours de grandes chaleurs et d’efforts, je peux boire jusqu’à 4l. d’eau, sans pisser beaucoup. Je transpire grave !
Durant toute ma traversée, je n’ai jamais eu besoin de transporter plus de 2l. d’eau. Il y a des ruisseaux et des rivières quasiment partout sur le chemin. C’est une sensation incroyablement sécurisante, de savoir que ce précieux liquide est facilement accessible. Pour ce qui est des huts et des campings, là encore, c’est du luxe. Ils sont toujours soit munis de tanks, soit à proximité d’un cours d’eau.
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